Côté économique, si certains produits ultra-transformés sont peu onéreux, cela s’explique souvent par la médiocrité de leur composition. Si on opte pour un produit frais et de qualité (peu d’additifs, ingrédients nobles… ), le coût s’envole, et le fait maison sort gagnant.
Fanes, feuilles, tiges et trognons, filaments, peaux renferment des nutriments, et se mangent : potages, pestos, chips… Les parures de poissons et les os de viandes permettent de réaliser des soupes et bouillons.
L’eau en bouteille nécessite une grande quantité d’énergie pour être transportée et stockée, et est souvent dans du plastique. Soumise à des contrôles sanitaires stricts, l’eau du robinet affiche uncoût moyen 100 à 200 fois moins élevé.
Les produits végétaux sont moins coûteux et ont un impact environnemental plus faible que les produits animaux. « Les émissions de méthane liées à la digestion des ruminants sont importantes, et la consommation massive de poisson favorise la surpêche et les élevages intensifs » explique Sarah Martin.
Chaque Français jette en moyenne 30 kilos de nourriture encore consommable par an ! En plus d’une bonne organisation, il est essentiel de savoir stocker et consommer les denrées correctement.
Je recycle les restes de nourriture
Prévoir 2 à 3 “repas restes” hebdomadaires permet de moins gaspiller. Cuits, les viandes et poissons se conservent 2 jours, les légumes 3 à 4 jours, les œufs 5 jours, les féculents et légumineuses 5 jours. On les place dans des contenants hermétiques et on vérifie l’aspect avant de consommer. Avec un reste de céréales, on prépare des galettes, des boulettes ; avec des légumes, une purée, un gratin ; avec de la viande ou du poisson, du hachis ; avec du pain, des tartines…
J’essaie la conservation longue durée
Bon marché en saison ou lors de promotions, de nombreux aliments peuvent être conservés de multiples façons. « La congélation est idéale car elle permet de les garder facilement avec peu de déperdition, recommande Catherine Renard.
Les fruits peuvent être congelés tels quels, coupés. À l’exception de ceux que l’on consomme crus, les légumes se congèlent bien aussi, mais doivent être blanchis 3 min au préalable. Après décongélation, tous doivent être cuits avant d’être consommés. » On peut aussi réaliser des préparations (ratatouille, coulis… ) et les congeler.
La viande et le poisson peuvent aussi être congelés, mais bien frais.
Autre solution : la boite de conserve. « Cette technique est à réserver aux fruits dont l’acidité empêche le développement d’agents toxiques, prévient notre experte. Pour les autres aliments, il faut être équipé et respecter des règles d’hygiène strictes. »
J’adopte le bon endroit et le bon conditionnement
« Fragiles, salades, choux… doivent être placés dans le bac à légumes du réfrigérateur, recommande Catherine Renard. Tomates, courgettes, melon… peuvent rester à température ambiante. »
Pas de réfrigérateur pour la pomme de terre, l’oignon… qui doivent en revanche être protégés de la lumière et de l’humidité.
Dans tous les cas, on préfère les sacs en papier qui protègent de la déshydratation tout en laissant respirer.
Face à la hausse des prix, les bons plans existent et, armé d’astuces simples, on peut trouver des aliments sains à petit budget.
Je fais régulièrement un inventaire de mes stocks
« Au réfrigérateur, les produits frais emballés doivent être consommés avant la DLC (date limite de consommation) », explique Catherine Renard.
- Les produits laitiers non ouverts peuvent tenir quelques jours supplémentaires : on élimine en cas d’odeur suspecte.
- Quant aux œufs, ils sont consommables jusqu’à 28 jours après la date de ponte.
- Si les produits d’épicerie sont eux aussi soumis à une date de durabilité minimale (DDM), ils peuvent être consommés au-delà, stockés au sec et à l’abri de la lumière et de la chaleur (2 à 3 ans pour les conserves, 1 an pour les riz, pâtes, farine, céréales, légumes secs, 6 mois à 1 an pour les huiles, sans limite pour le chocolat, le sucre et le miel) : seules leurs qualités organoleptiques peuvent être altérées.
- On surveille enfin les surgelés. « Leurs qualités, notamment les acides gras des poissons, s’abîment, note Catherine Renard. Il faut compter 2 à 3 mois pour les viandes préparées et 15 à 18 mois pour celles entières ou en portions, 3 à 6 pour les poissons et jusqu’à 24 mois pour les fruits et légumes. »
Bio ou pas, j’arbitre comme il faut
Trop cher le bio ? « Pas toujours, notamment sur les produits secs, les laitages, les aliments non transformés, nuance Sarah Martel. Les pâtes ou le riz bio souvent complets, ont de meilleures valeurs nutritionnelles ! » On privilégie aussi le bio issu de systèmes de circuits courts et ventes directes (AMAP, marchés paysans, Drive Fermier, Bienvenue à la ferme) et les supermarchés coopératifs qui permettent de bénéficier des produits de meilleure qualité au prix le plus juste.
Je décrypte les étiquettes
Attention aux “ficelles” pour nous faire payer plus : celles des industriels (le pack de 4 tranches de jambon passé de 160 g à 120 g ou encore le poids de fromage blanc passé de 1 kg à 900 g, au même prix) et celles des marques et distributeurs (promos plus chères que sans promo). On regarde le prix au kilo !
J’achète de saison
Le transport des denrées agricoles et alimentaires représente près de 30 % des transports de marchandises en France, et la production de légumes sous serre chauffée émet 10 à 15 fois plus d’émission de gaz à effet de serre que celle en plein champ. « Consommer de saison contribue en plus à varier son alimentation et apporte des fruits et légumes au plus fort de leurs apports, explique Benjamin Allès. En France, on a l’avantage d’avoir une production variée toute l’année ! »
Je pense aux surplus, aux “moches” et aux dates courtes
« Les fruits et légumes qui ne correspondent pas aux normes esthétiques offrent les mêmes apports pour le corps et le même goût que les normés », indique Catherine Renard. Il ne faut pas hésiter à en profiter car la plupart des distributeurs (Carrefour, Casino, Monoprix, Lidl, Marché U, Leclerc, Intermarché… ) les proposent à prix cassé (1 à 2 € le kilo). Quant aux produits frais (viande, poisson laitages… ), on peut les acheter en moyenne 35 % moins cher si la date de péremption est proche. Il faut alors les consommer rapidement ou en faire des préparations et les congeler. Certaines enseignes (Nous anti-gaspi, Nogasp… ) ont même fait leur spécialité de ces produits différents ou proches de la date limite de consommation.
Alimentation et inflation : le point avec un sociologue
Jean-Pierre Poulain, sociologue et anthropologue à l’Université de Toulouse-Jean Jaurès, a répondu à nos questions.
Quels facteurs influencent le plus les achats alimentaires ?
Le prix, le goût, l’influence sur la santé, la praticité, l’écologie… Mais ces achats sont aussi déterminés par nos cultures, nos routines et nos plaisirs.
Quand tout augmente, l’alimentation est-elle sacrifiée ?
Oui, et ce n’est pas une question de choix : c’est lié à la structure de nos budgets. De plus en plus de dépenses sont contraintes (loyer, remboursement d’emprunts, eau, électricité, téléphone… ) et le reste à vivre, ce qui reste dans le porte-monnaie, tend à se réduire. L’alimentation est de fait directement impactée. C’était vrai avant la crise et cela s’accentue avec.
La précarité économique empêche-t-elle de manger équilibré ?
Le risque est incontestablement grand. Les premières victimes sont les produits de qualité que certains ne peuvent plus s’offrir. Cependant, certains s’adaptent en mettant moins de produits préparés dans sa liste de courses et en cuisinant plus. Pour ceux-ci, la qualité de l’alimentation peut donc être maintenue, voire améliorée, mais cela suppose de disposer de temps et de savoir-faire.