
Personnes handicapées : entre promesses politiques et attentes concrètes
Inclusion des personnes handicapées : Le Sénégal s’engage à accélérer les réformes
À l’occasion du Conseil des ministres du 27 novembre 2024, le Président de la République, Son Excellence Bassirou Diomaye Diakhar Faye, a réaffirmé son engagement en faveur des personnes vivant avec un handicap. Il a exigé une évaluation complète de la Loi d’Orientation Sociale (LOS) n° 2010-15, adoptée pour garantir leurs droits, et a demandé une attention particulière au système des cartes d’égalité des chances.
Cette initiative intervient à quelques jours de la Journée internationale des personnes handicapées, célébrée chaque 3 décembre à l’échelle mondiale pour promouvoir les droits, l’inclusion et la dignité de plus d’un milliard de personnes dans le monde.
Une loi encore incomplètement appliquée
Adoptée en 2010, la Loi d’Orientation Sociale prévoit 15 décrets d’application, dont seulement 2 ont été pris à ce jour :
Le décret sur la mise en place des commissions techniques pour traiter les demandes de carte d’égalité des chances et encadrer l’éducation spécialisée ;
Le décret sur la Réadaptation à Base Communautaire (PNRBC).
Le Président a demandé au gouvernement d’accélérer la signature des décrets manquants, notamment celui instaurant la Haute Autorité chargée de la promotion et de la protection des droits des personnes handicapées.
Cartes d’égalité des chances : un outil à renforcer
À ce jour, près de 98 000 cartes d’égalité des chances ont été délivrées. Parmi les titulaires :
Environ 62 000 bénéficient de la bourse de sécurité familiale ;
Plus de 25 000 sont intégrés à la Couverture Maladie Universelle (CMU).
Cependant, selon les résultats du Recensement Général de la Population et de l’Habitat (RGPH-5, 2023), le taux de prévalence du handicap est de 7,3 %, soit environ 1,2 million de personnes concernées au Sénégal. Cela signifie que moins de 8 % des personnes en situation de handicap disposent réellement de cette carte.
Inclusion professionnelle : un impératif
Le Chef de l’État a insisté sur la nécessité de faciliter les recrutements et nominations des personnes handicapées dans la fonction publique, les structures parapubliques ainsi que dans le secteur privé. Il a appelé à l’ouverture de discussions avec les organisations patronales afin de favoriser une insertion professionnelle durable.
Il a également souligné la nécessité de redynamiser la gouvernance institutionnelle du handicap, notamment en nommant un Conseiller spécial à la Présidence dédié à ces questions — un poste vacant depuis plusieurs années.
Comparaisons régionales : le Sénégal à la traîne
D’autres pays africains montrent l’exemple :
En Côte d’Ivoire, une personne en situation de handicap a déjà siégé au gouvernement ;
En RDC, un ministère dédié existe depuis plusieurs années.
Au Sénégal, très peu de personnes handicapées dirigent des structures nationales, bien que le pays compte plus de 600 directions et agences publiques.
Quelles actions concrètes pour 2025 ?
Pour traduire ces engagements en actes, plusieurs mesures urgentes sont proposées :
Signer les décrets d’application restants de la LOS, en priorité celui sur la Haute Autorité.
Nommer des points focaux handicap dans chaque ministère pour suivre l’intégration du handicap dans les politiques publiques.
Inscrire un budget spécifique à l’inclusion des personnes handicapées dans le Projet de Loi de Finances 2025.
Une dynamique à ne pas ralentir
L’engagement présidentiel ouvre une nouvelle étape pour l’inclusion des personnes handicapées au Sénégal. Au-delà des discours, il est désormais urgent de mettre en œuvre des politiques publiques concrètes, financées, suivies et évaluées, afin de garantir à chacun les mêmes droits et opportunités.